Portrait
Une plateforme dédiée à l’apprentissage des dialectes ivoiriens
23.07.2025, 14:05
Renouer avec sa culture passe impérativement par la langue. L’Ivoirien Aletie Samuel Koudou (24 ans) l’a bien compris en créant une plateforme web dédiée à l’apprentissage des dialectes ivoiriens.
Baptisée « Ivokan », signifiant littéralement « Parler Ivoirien », cette plateforme offre aux apprenants l'opportunité d'apprendre plus d'une soixantaine de langues ivoiriennes grâce à des tuteurs natifs. Elle met à leur disposition des cours en ligne, notamment en visioconférence, adaptés à tous les niveaux, permettant ainsi une immersion linguistique et culturelle.
« Ivokan se positionne comme la première plateforme ivoirienne dédiée à l’apprentissage des langues locales. Son impact est à la fois culturel, social et économique : elle favorise la transmission intergénérationnelle et la préservation des langues menacées de disparition outre le fait qu’elle renforce les liens identitaires et familiaux au sein des diasporas tout en générant des opportunités au profit des tuteurs souvent marginalisés », explique Aletie dans un entretien accordé à la dpa.
Selon lui, les tuteurs sont rémunérés directement pour les cours qu’ils dispensent, précisant que 80 pour cent des revenus générés leur sont reversés. Pour cet ingénieur en banques, finances et assurances, la plateforme a la particularité d’offrir un modèle inclusif dans la mesure où les tuteurs ne sont pas uniquement sélectionnés sur la base de leurs diplômes, mais en fonction de leur capacité réelle à transmettre leur langue. Cela donne l’opportunité aux personnes originaires de zones rurales ou peu diplômées de valoriser leurs savoirs, tout en générant un revenu complémentaire.
Comme beaucoup de jeunes de sa génération, Aletie ne parle pas sa langue maternelle, le bété. Cela a nourri chez lui une sorte de frustration, voire une déconnexion tant culturelle que familiale. « Il y avait comme un fossé qui séparait une part essentielle de mon identité de moi-même. Je me suis rendu compte que ce sentiment était partagé par tant d’autres autour de moi. En Côte d’Ivoire, plus de 60 pour cent des jeunes en milieu urbain ne parlent pas leur langue d’origine », déplore le promoteur d’Ivokan.
« En constatant qu’il n’existait pratiquement aucune initiative structurée dans ce domaine, j’ai ressenti le besoin de lancer cette initiative, avec pour vision de préserver le patrimoine linguistique africain », ajoute-t-il.
L’Ivoirien ambitionne de référencer et valoriser l’ensemble des langues ivoiriennes, soit une soixantaine de langues, en vue de permettre à chaque Ivoirien, où qu’il se trouve, de renouer avec sa langue et son identité culturelle. Il affiche aussi le souhait d’intégrer d’autres langues africaines à sa plateforme afin de pouvoir l’exporter vers d’autres pays du continent.