Santé sexuelle et reproductive
« Dialogue intergénérationnel » pour lutter contre les MGF
23.05.2025, 09:40
Une formation initiée par l’Agence allemande de Coopération internationale (GIZ) a permis d'outiller des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux d'Éthiopie, du Soudan et de Somalie sur la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) selon l’approche de « dialogue intergénérationnel ».
La formation a été dispensée à Jigjiga, une ville située à l’est de l’Éthiopie, au titre du programme « Amélioration de la prévention des mutilations génitales féminines dans la Corne de l'Afrique », mandaté et financé par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement (BMZ), et mis en œuvre par la GIZ.
L’approche du « dialogue intergénérationnel » consiste, d’après la GIZ, à créer un « espace d'échange structuré, respectueux et dénué de jugement » qui rassemble des personnes de tous âges appartenant à une même communauté. Il s’agit d’inviter ceux-ci à réfléchir sur les valeurs, les normes et les croyances qui façonnent leur vie et de favoriser des discussions et des décisions locales sur la prévention des MGF, la réduction de leur acceptation sociale et la protection des filles, a-t-on indiqué.
Le dialogue est animé d'abord par des facilitateurs externes formés, puis par les membres de la communauté eux-mêmes, a-t-on ajouté. Les approches traditionnelles de changement de comportement se concentrent souvent sur l'incitation (de l’extérieur, ndlr) à abandonner certaines pratiques, a-t-on rappelé. Cependant, le dialogue intergénérationnel permet de reconnaître les forces et le potentiel de transformation de chaque génération pour susciter un changement « de l'intérieur ».
Changer les normes sociales
Couvrant la période entre 2024 et 2027, le programme allemand « Amélioration de la prévention des mutilations génitales féminines (MGF) dans la Corne de l'Afrique » est mis en œuvre en Éthiopie, au Soudan et en Somalie. Il aide des acteurs et organisations régionaux, nationaux et locaux dans ces trois pays à « travailler efficacement » pour changer les normes sociales afin de réduire les MGF et la violence fondée sur le genre. Le programme intervient à travers le développement des compétences, l'apprentissage commun et la mise en réseau avec d'autres acteurs.
Des lois interdisant les MGF sont en vigueur en Éthiopie depuis 2005 et au Soudan depuis 2020. La Somalie travaille actuellement à leur interdiction. Cependant, les efforts des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux responsables pour lutter contre les MGF sont insuffisants et peu systématiques.
Reconnues au niveau international comme une violation des droits de la personne, les MGF consistent à couper ou à enlever une partie ou la totalité des organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales. Pratiquées le plus souvent sur des nourrissons et des jeunes filles, elles peuvent entraîner de graves dommages physiques et psychologiques immédiats et à long terme, notamment des infections, des complications liées à la procréation et des troubles de stress post-traumatique.
L’Afrique abrite de nombreux pays dans lesquels les MGF sont toujours particulièrement répandues, avec parfois un taux de prévalence national parmi « les plus élevés du monde ». Dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD), la communauté internationale a fixé la cible de 2030 pour l’abandon de la pratique des MGF.