Portrait

Burkina : « Faso Eco », une alternative aux emballages plastiques

9.04.2025, 14:05

Les sachets plastiques fins en polyéthylène sont devenus un fléau environnemental en Afrique.

En proposant des sacs réutilisables et biodégradables à la population, Mohamed Fayssal Nabi (28 ans) entend réduire drastiquement l’usage des emballages plastiques au Burkina Faso. Commercialisés sous la marque « Faso Eco », ces sacs écologiques, représentés dans plus de 30 supermarchés et points de vente de la capitale, se veulent être une alternative aux emballages plastiques.

À travers ces sacs, Mohamed souhaite soutenir les efforts gouvernementaux dans la lutte contre la pollution plastique et la mise en œuvre de la loi relative à l’interdiction de la production, l’importation, la commercialisation et la distribution des sachets et emballages non biodégradables au Burkina Faso.

Le Parlement du Burkina Faso a adopté fin décembre 2024 une nouvelle loi portant interdiction des emballages et sachets en plastique pour « pallier aux insuffisances » d’une loi en vigueur depuis 2014. Selon Mohamed, la réduction de la pollution plastique permettrait de résoudre d’autres problématiques auxquelles le pays fait face comme les inondations et les pertes agricoles.

« La prolifération des déchets plastiques entraîne l’obstruction des systèmes de canalisation, ce qui aggrave les inondations. Outre cette problématique, le pays accuse des pertes économiques dans le secteur de l’élevage. Environ 30 pour cent du cheptel est décimé chaque année par l’ingestion de plastiques par les animaux, entraînant des milliards de francs CFA de pertes », indique Mohamed dans un entretien accordé à la dpa.

« Ces constats nous ont convaincus que les questions environnementales doivent être une priorité nationale pour garantir un développement durable », ajoute ce juriste de formation. En plus de la commercialisation de sacs biodégradables, le promoteur de Faso Eco organise régulièrement des campagnes d’assainissement et de collecte de déchets pour améliorer le cadre de vie des populations.

Dirigeant une société spécialisée dans la protection de l’environnement, Mohamed accompagne aussi les entreprises et institutions dans la mise en œuvre de leurs politiques de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) en matière environnementale. Avec son équipe, il travaille d'arrache-pied afin de rendre chaque foyer burkinabè équipé d’un emballage écologique réutilisable.

Ses ambitions sont de créer une industrie nationale de production de produits écologiques au Burkina Faso ainsi que dans les pays de la sous-région et de lancer un centre de formation sur la valorisation des déchets. Il souhaite aussi continuer à sensibiliser massivement les populations aux bonnes pratiques environnementales et à contribuer aux projets d’assainissement nationaux et à la récupération des plastiques pour réduire les maladies liées à l’insalubrité. Son rêve est de faire du Burkina Faso un modèle environnemental en Afrique, inspiré de l’exemple du Rwanda.

En 2022, le Burkina Faso a produit près de 225 000 tonnes de déchets plastiques contre plus de 104 000 tonnes en 2010, selon des chiffres publiés en 2023 par le gouvernement burkinabè. Les sachets plastiques fins en polyéthylène sont devenus un fléau environnemental en Afrique, où plus de 90 pour cent des immondices sont jetées dans des dépotoirs anarchiques qui sont incinérés en plein air, d’après le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).